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Neruda Poemas: Misión de amor, en su libro Memorial de Isla Negra
Yo los puse en mi barco.
Era de día y Francia
su vestido de lujo
de cada día tuvo aquella vez,
fue
la misma claridad de vino y aire
su ropaje de diosa forestal.
Mi navío esperaba
con su remoto nombre “Winnipeg”
Pero mis españoles no venían
de Versalles,
del baile plateado,
de las viejas alfombras de amaranto,
de las copas que trinan
con el vino,
no, de allí no venían,
no, de allí no venían.
De más lejos,
de campos de prisiones,
de las arenas negras
del Sahara,
de ásperos escondrijos
donde yacieron
hambrientos y desnudos,
allí a mi barco claro,
al navío en el mar, a la esperanza
acudieron llamados uno a uno
por mí, desde sus cárceles,
desde las fortalezas
de Francia tambaleante
por mi boca llamados
acudieron,
Saavedra, dije, y vino el albañil,
Zúñiga, dije, y allí estaba,
Roces, llamé, y llegó con severa sonrisa,
grité, Alberti! y con manos de cuarzo
acudió la poesía.
Labriegos, carpinteros,
pescadores,
torneros, maquinistas,
alfareros, curtidores:
se iba poblando el barco
que partía a mi patria.
Yo sentía en los dedos
las semillas
de España
que rescaté yo mismo y esparcí
sobre el mar, dirigidas
a la paz
de las praderas
Comment mon grand-père a fait partie de cette histoire
Comment mon grand-père a fait partie de cette histoire
En 2015, je travaillais sur un projet de visualisation des données maritimes (que vous pouvez découvrir en suivant ce lien : http://lumacode.com/projects/gttw/ ) et j’avais pour idée de le transformer en une représentation poétique du port de Buenos Aires, où je savais que mon grand-père avait vécu lorsqu’il était en Argentine. Je venais tout juste de retrouver une vieille carte d’identité chez ma mère, dans leur village natal de la province de Guadalajara en Espagne.
De nos jours, on peut presque tout trouver sur Internet, et j’ai donc décidé de faire une recherche avec son nom, Franciso Mencía Roy, accompagné de la ville où il avait vécu en Argentine, Comodoro Rivadavia. À ma grande surprise, j’ai retrouvé mon grand-père et son frère Cosme sur la liste des passagers d’un navire baptisé le Winnipeg. Ma surprise était d’autant plus importante que je ne m’étais pas du tout attendue à trouver leurs noms en ligne. Dès lors, ce projet a pris une tout autre dimension. Ma curiosité était piquée : je voulais en apprendre davantage et explorer ces nouvelles possibilités pour créer une œuvre à la fois historique et artistique, basée sur un évènement intime et personnel, que je pourrais présenter au festival E-Poetry à Buenos Aires.

C’est ainsi que j’ai commencé à faire des recherches sur le Winnipeg. Personne dans ma famille ne savait qu’ils avaient voyagé à son bord. Après la guerre civile d’Espagne, beaucoup de républicains espagnols, dont mon grand-père et son frère semblaient faire partie, s’étaient enfuis en France et avaient fini prisonniers dans des camps de concentration dans le sud du pays. Cette découverte a été un véritable choc pour ma famille, d’autant plus que j’ai appris par la suite que le célèbre poète chilien Pablo Neruda, amoureux de l’Espagne et ému par la situation de ces réfugiés, avait décidé de les aider par pure solidarité. Il résidait alors au Chili où il travaillait comme consul chargé de l’immigration et, avec le soutien du Premier ministre chilien, Pedro Aguirre Cerda, il affréta le Winnipeg pour un voyage qui devait mener les 2200 Espagnols exilés de la guerre civile de Trompeloup, en France, à Valparaiso, au Chili, le 4 août 1939.
(Vous pouvez lire « Misión de amor » [Mission d’amour] dans le recueil de Neruda, Memorial de la Isla Negra [Mémorial de l’île noire]. Dans ce magnifique poème dont le titre peut être interprété comme « un travail de l’amour » ou « une mission d’amour », il explique comment il appelait ces réfugiés par leur nom et comment ils se présentaient à lui, en indiquant leurs professions. Il les compare à des graines qu’il aurait semées dans l’océan et qui faisaient route vers la paix.)
Avant que le Winnipeg ne largue les amarres, l’atmosphère était remplie d’émotion. On raconte que Pablo Neruda en a été si touché qu’il a voulu consigner ce souvenir bien précis en écrivant ces mots : « Que la crítica borre toda mi poesía, si le parece. Pero este poema, que hoy recuerdo, no podrá borrarlo nadie » (Que la critique efface toute ma poésie si bon lui semble, mais ce poème que j’écris aujourd’hui, personne ne pourra l’effacer.)
J’avais du mal à croire que mon grand-père avait été sauvé des camps de concentration français par Pablo Neruda et qu’il avait pu voyager à bord de son cargo. À ce que je sais, mon grand-père était infirmier et j’imagine que pour un voyage aussi long, cela faisait de lui un atout. J’ai essayé de retrouver de lointains cousins susceptibles de me donner des informations sur le Winnipeg ou d’avoir de la famille au Chili, mais ce n’est que très récemment que j’ai appris que Cosme s’était marié et avait de la famille dans ce pays. Malheureusement, je ne l’ai su qu’après mon voyage au Chili et je n’ai pas encore réussi à entrer en contact avec eux.
C’est ainsi que mon projet de recherche-création est passé des applications mobiles et de la visualisation des données maritimes à une exploration des évènements en lien avec la guerre civile espagnole et à la mémoire historique de l’Espagne et du Chili. J’ai découvert des livres et des expositions en rapport avec le Winnipeg et ses passagers, leurs vies et leurs familles, ainsi que l’URL des archives de La Memoria Chilena. C’était incroyable voir l’histoire de mon grand-père se déployer ainsi sous mes yeux, de dénicher des anecdotes et des informations sur cet évènement important bien que largement oublié en Espagne, et de voir comment cela m’a personnellement affectée et influencée.
J’ai commencé par vouloir créer une visualisation poétique des navires en partance pour l’Amérique latine au cours du mois d’août 1939. Le Winnipeg en serait la vedette, un cargo rempli d’adieux, d’émotions et d’espoirs. J’ai pris contact avec des bibliothèques pour tenter de localiser le journal de bord du bateau, ou toute autre sorte d’information numérisée qui m’en aurait appris davantage sur les navires en partance de France et d’Espagne cette année-là. À ce jour, je n’ai pas encore trouvé de version numérique du trajet emprunté par le Winnipeg. De telles données associées à des coordonnées auraient été très utiles pour visualiser précisément la traversée du cargo, mais j’ai tout de même trouvé dans les archives de La Memoria Chilena une carte où l’on peut voir la route empruntée par les navires entre Trompeloup et Valparaiso. C’est cette carte qui fait aujourd’hui partie du projet et le parcours du Winnipeg y est représenté par une ligne de texte contenant les noms de tous ses passagers.

Je me suis rendue à Buenos Aires en 2015 pour présenter le prototype de ce projet au festival E-Poetry. L’auditoire m’a témoigné beaucoup d’intérêt et de curiosité. Une autre surprise m’attendait au Museo de la Inmigración (MUNTREF), autrefois l’hôtel des immigrants en raison de sa proximité avec le port. Le jour de l’inauguration, j’ai appris qu’ils avaient numérisé les listes des passagers débarqués au port et j’y ai trouvé une preuve de l’arrivée de ma grand-mère, le 12 février 1951. Elle avait voyagé sur le Cabo de Buena Esperanza avec quatre de ses enfants — mon père ayant dû rester en Espagne, car il était en âge d’effectuer son service militaire. Mes oncles et tantes étaient alors jeunes : l’aînée avait 20 ans, les deux garçons en avaient respectivement 18 et 16, et la benjamine était âgée de 13 ans. La date de leur arrivée m’indiquait que cela faisait onze très longues années qu’ils n’avaient pas vu mon grand-père. En plus de cela, j’ai appris que ma grand-mère et sa plus jeune fille étaient rentrées rapidement en Espagne, car mon grand-père était mort peu de temps après leur arrivée. Leurs trois autres enfants avaient décidé de rester en Amérique latine pour y bâtir une vie meilleure et avaient fini par s’installer à Caracas. Bien des années plus tard, mon père a fait le voyage jusqu’au Vénézuéla pour y rendre visite à sa famille, accompagné de ma mère. D’abord partis pour une courte visite, ils auront passé sept ans là-bas… Et c’est aussi là-bas que je suis née.
Jamais je n’aurais imaginé avoir une dette envers le poète auteur des Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée que j’ai tant de fois recommandés à mes étudiants en espagnol à Londres, ce même Pablo Neruda qui a écrit Le livre des questions. Je lui dois d’avoir contribué à forger mes centres d’intérêt : les voyages, les cultures, les langues, la littérature, les arts, le besoin d’explorer et d’être curieuse de tout, le sentiment permanent de venir d’ailleurs et d’être différente, de connaître à la fois la joie et la mélancolie, ma capacité voler de mes propres ailes et à faire preuve de persévérance et de détermination — un trait que je sais désormais hérité de ma famille. Enfin, je lui dois d’avoir sauvé mon grand-père et son frère. Je me dois aussi d’ajouter que mon père a toujours éprouvé de la tristesse et de l’amertume à l’idée d’avoir perdu son père alors qu’il n’avait que onze ans, lorsque mon grand-père est parti d’abord à la guerre, puis en exil, et de ne l’avoir jamais revu.
On pourrait dire que cette histoire qui m’a accompagnée sans même que je le sache est le fruit de nombre de mes projets, en particulier ceux en lien avec ce « Poème qui a traversé l’Atlantique », tels que « Cityscapes : Social Poetics/Public Textualities » (2005) et « Connected Memories » (2009). C’est drôle comme nous ignorons parfois la source de nos sentiments les plus profonds !
Après le festival E-Poetry de Buenos Aires, j’ai continué à faire des recherches et me suis rendue au Chili, dans la superbe ville de Valparaiso. J’y ai visité les demeures de Neruda, Isla Negra et Santiago du Chili où j’ai continué à éplucher les archives, à écumer les centres communautaires et les galeries, à filmer, à prendre des photos et à parler aux habitants. Et lorsque ceux-ci me demandaient ce que je faisais au Chili, je leur répondais que mon grand-père m’y avait amenée. C’était un sentiment merveilleux qui me réchauffait le cœur et me donnait l’impression d’être la bienvenue dans ce pays, comme si une partie de moi y avait toujours appartenu. Je me sentais chez moi dans un lieu où je n’étais jamais venue auparavant et débordais de gratitude envers la générosité que me témoignaient les habitants.
Pour finir : nous avons créé ce site pour encourager les lecteurs, les familles des passagers et quiconque aimerait contribuer à soumettre leurs propres histoires pour qu’elles viennent s’ajouter à cette visualisation poétique du voyage du Winnipeg. C’est ce que j’ai intitulé « Le poème qui a traversé l’Atlantique ». Il me semble avoir lu cette phrase au cours de mes recherches et j’ai aussitôt aimé cette image du navire comme poème transportant ses nombreuses histoires. Le Winnipeg a transporté les histoires entremêlées des passagers et de leurs familles, et celles-ci sont désormais représentées dans l’océan du World Wide Web, en compagnie des poèmes de Pablo Neruda et des informations en lien avec cet évènement.
Un poème créé avec affection pour un grand-père que je n’ai jamais connu ; pour mon père qui n’a pas revu son propre père depuis ses onze ans ; et pour tous ceux qui traversent aujourd’hui des épreuves similaires. Les perdus, les réfugiés, les exilés.
Como mi abuelo se convirtió en parte de esta historia y este poema
Como mi abuelo se convirtió en parte de esta historia y este poema
En 2015 estaba trabajando en un proyecto de visualización de datos marítimos y el recorrido de barcos, que se puede ver en este enlace: http://lumacode.com/projects/gttw/ y tenía la intención de crear una visualización poética similar del puerto de Buenos Aires, cuando recordé que mi abuelo había vivido en Argentina. Sólo recientemente había encontrado una cédula -así llamaban allí a los carnets de identidad- en casa de mi madre,en su pueblo de origen que está en la provincia de Guadalajara, en España.
Como hoy en día todo tipo de información se busca en internet, decidí escribir su nombre, Franciso Mencía Roy y el de la ciudad donde vivió en Argentina, Comodoro de Rivadavia. Cúal sería mi sorpresa cuando encontré su nombre y el de su hermano Cosme en la lista de pasajeros de un barco que se llamaba Winnipeg. Nunca imaginé que sus nombres pudieran aparecer en ese medio de comunicación, me quedé boquiabierta y desde ese momento mi proyecto siguió una trayectoria completamente diferente. Era mucha la curiosidad para no seguir investigando y explorando las posibilidades de poder realizar un trabajo artístico, basado en un relato tan personal y tan intimo, además de histórico, para presentarlo en el Festival de E-Poetry (Poesía electrónica) en Buenos Aires, Argentina.

(Pueden leer el poema de Neruda “Misión de Amor” en su libro Memorial de Isla Negra, donde explica cómo los embarcó, iba llamándoles y se presentaban indicando sus distintas profesiones. Además, los compara a semillas que él está esparciendo en el mar y van dirigidas a la paz.)
Se dice que cuando el barco estaba a punto de partir, Pablo Neruda estaba tan conmocionado por el clima emocional creado en el puerto que escribió: “Que la crítica borre toda mi poesía, si le parece. Pero este poema, que hoy recuerdo, no podrá borrarlo nadie”.
Resultaba increíble que, gracias a Pablo Neruda, mi abuelo se hubiera salvado de los campos de concentración franceses y hubiera conseguido un pasaje tan anhelado en aquel buque. Por lo que me han contado siempre tanto mi familia como el antiguo médico del pueblo, él trabajaba como enfermero y esto me hace suponer que su experiencia en esta profesión debió de ser muy útil en tan largo viaje. Intenté encontrar familiares que quizá me pudieran aportar más información, sin embargo, no obtuve ningún resultado hasta que, recientemente, descubrí que su hermano Cosme había estado casado en Chile y tenía descendientes. Desafortunadamente este descubrimiento fue después de que yo hubiera estado en Chile y todavía no he establecido ningún contacto con ellos.
Ante todo ello, el proyecto que había iniciado como exploración de visualizaciones de datos marítimos y el uso de aplicaciones móviles, se convirtió en una investigación sobre acontecimientos históricos de la Guerra Civil Española y de la Memoria Histórica, incluyendo la Memoria Española y Chilena. Encontré libros, exposiciones sobre el Winnipeg, sus pasajeros, sus vidas, familias y un enlace imprescindible al archivo de La Memoria Chilena y a dos grupos de Facebook. Era sorprendente ver cómo no sólo la historia de mi abuelo se estaba desplegando ante mis ojos - al descubrir relatos e información sobre este importante acontecimiento histórico, que de hecho, todavía se pierde en la memoria de España, ya que no es bien conocido - sino también cómo este hecho había impactado e influido en mi propia vida.
Como consecuencia, y con la intención de crear mi proyecto de visualización poética, contacté bibliotecas para ver si el trayecto del Winnipeg estaba digitalizado. Este registro de fechas del barco con las coordinadas de longitud y latitud me hubiera ayudado a crear una visualización de la ruta. Desafortunadamente estos datos nos los encontré digitalizados pero sí un mapa en el archivo de La Memoria Chilena con la ruta de Trompeloup a Valparaiso, que ahora se ha convertido en parte de este proyecto con los nombres de los pasajeros apareciendo como en una cadena de texto delineando la ruta del Winnipeg.

Viajé a Buenos Aires y presenté el primer prototipo del proyecto en el festival de E-Poetry 2015, ante el asombro de la audiencia. El día de la apertura de la exposición en el Museo de la Inmigración (MUNTREF), lo que antiguamente había sido el hotel donde se alojaban los emigrantes que llegaban al puerto, tuve otra maravillosa sorpresa. El museo tenía digitalizadas todas las llegadas de pasajeros al puerto y encontré documentos que registraban la visita que mi abuela realizó para encontrarse con su marido el 12 de febrero de 1951, en el buque de Cabo de Buena Esperanza. Ella había viajado con todos sus hijos excepto con mi padre que, por ser mayor tuvo que quedarse en España para hacer el servicio militar. Mis tíos eran jóvenes, veinte años la mayor, dos chicos de dieciocho y dieciséis y la más pequeña de trece años. Esta fecha indica que la familia llevaba once largos años sin ver a mi abuelo. Cuando todo parecía volver a su cauce, mi abuelo falleció, apenas hacía dos meses del reencuentro, y mi abuela decidió regresar a España con la hija menor, mientras que los hijos mayores se quedaron para buscarse un futuro mejor. Finalmente se asentaron en Caracas (Venezuela). Años más tarde mi padre iría con mi madre a visitarlos, esta visita se alargó por siete años y allí nací yo.
Nunca pensé que le tendría que agradecer tanto al poeta de los “Veinte poemas de amor y una canción desesperada” (que yo había recomendado leer a muchos de mis alumnos cuando daba clases de español en Londres), al Pablo Neruda del “Libro de las preguntas”. Él ha contribuido a forjar, en cierto modo, mis intereses en la vida: los viajes, las culturas, los lenguajes, la literatura, el arte, el explorar y ser curiosa, el ser de otro sitio y por ello algo diferente, el ser triste y alegre a la vez, el mantenerme con los pies en el suelo, con entereza y perseverancia durante tantos años; porque veo ahora que es fruto de la herencia familiar. También tengo que añadir que a mi padre siempre le envolvió una tristeza y amargura debidas a la perdida de su padre. Cuando tenía unos once años, mi abuelo se fue a la guerra y más tarde al exilio y no volvió a verlo nunca más. A ello hay que sumar las muchas peripecias que conllevó el perder al cabeza de familia.
Se podría decir que esta historia precedente y que me ha acompañado, sin yo saberlo, es el fruto de muchos de mis proyectos y, sobre todo, de algunos muy relacionados al "Poema que cruzó el Atlántico" como son "Cityscapes: Social Poetics/Public Textualities" ("Panorámicas Urbanas: Poéticas Sociales/Textualidades Públicas") 2005 y "Connected Memories" ("Memorias entrelazadas") 2009. ¡Qué arraigados tenemos algunos sentimientos y qué ajenos somos a ellos!
Después del festival de E-Poetry Buenos Aires, fui a la maravillosa ciudad de Valparaiso en Chile, visité las casas de Pablo Neruda, Isla Negra, y a Santiago de Chile donde seguí investigando en archivos, centros comunitarios, galerías, haciendo videos, fotografías, hablando con gente y cuando me preguntaban que por qué había ido a Chile, les respondía que me había llevado mi abuelo. Era un sentimiento bonito que me reconfortaba y me hacía sentirme bienvenida en un país donde nunca había estado, pero que de alguna manera era parte de mi; sorprendentemente me sentía como en casa y con gratitud por la generosidad de su gente.
Finalmente, ahora hemos creado esta website que invita al lector, a los descendientes de los pasajeros y todo aquel interesado en este acontecimiento histórico a que añadan sus relatos para que éstos se conviertan en el material que crea la visualización poética del viaje del Winnipeg, o a lo que he titulado: “El Poema que cruzó el Atlántico”. Creo que vi este título en alguna de las lecturas y me gustó la idea de que el barco con sus muchas historias fuera el poema. Estos relatos entrelazados de los pasajeros y familiares, que llevó esta nave de carga, con sus sentimientos, esperanzas y despedidas que a raíz de este viaje se encuentran ahora representados en el mar del ‘World Wide Web’, junto con poemas de Pablo Neruda e información relevante.
Un poema creado por amor a un abuelo que nunca conocí, y a mi padre que desde los once años nunca volvió a ver a su padre. Y a todos aquellos que se encuentran actualmente en situaciones similares de dificultades, desplazamientos, perdidos y en el exilio.
Neruda Poemas: Misión de amor, en su libro Memorial de Isla Negra
Yo los puse en mi barco.
Era de día y Francia
su vestido de lujo
de cada día tuvo aquella vez,
fue
la misma claridad de vino y aire
su ropaje de diosa forestal.
Mi navío esperaba
con su remoto nombre “Winnipeg”
Pero mis españoles no venían
de Versalles,
del baile plateado,
de las viejas alfombras de amaranto,
de las copas que trinan
con el vino,
no, de allí no venían,
no, de allí no venían.
De más lejos,
de campos de prisiones,
de las arenas negras
del Sahara,
de ásperos escondrijos
donde yacieron
hambrientos y desnudos,
allí a mi barco claro,
al navío en el mar, a la esperanza
acudieron llamados uno a uno
por mí, desde sus cárceles,
desde las fortalezas
de Francia tambaleante
por mi boca llamados
acudieron,
Saavedra, dije, y vino el albañil,
Zúñiga, dije, y allí estaba,
Roces, llamé, y llegó con severa sonrisa,
grité, Alberti! y con manos de cuarzo
acudió la poesía.
Labriegos, carpinteros,
pescadores,
torneros, maquinistas,
alfareros, curtidores:
se iba poblando el barco
que partía a mi patria.
Yo sentía en los dedos
las semillas
de España
que rescaté yo mismo y esparcí
sobre el mar, dirigidas
a la paz
de las praderas.