Poèmes de Neruda

Poèmes de Neruda
Et un matin tout était en flamme
et un matin les foyers
sortaient de terre
dévorant les vivants (…)
venaient du ciel pour tuer des enfants,
et à travers les rues le sang des enfants
coulait simplement, comme du sang d’enfants. (…)
Venez voir le sang dans les rues,
venez voir
le sang dans les rues,
venez voir le sang
dans les rues !

— Neruda

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Mardi 28 janvier 1939

Mardi 28 janvier 1939
Pour alléger la pression exercée par les milliers de réfugiés rassemblés à la frontière, le ministre de l’Intérieur français, Albert Serraut, a ordonné: “Laissez passer les femmes et les enfants, prenez soin des blessés, renvoyez les hommes valides et fermez la porte derrière eux. ” C’était le mardi 28 janvier. (Dans Los Españoles del Winnipeg, J Ferrer Mir, page 33)

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Le dernier penseur de l’exil – José Ricardo Morales

Le dernier penseur de l’exil – José Ricardo Morales

Le 17 février 2016 s’est éteint le dramaturge et essayiste José Ricardo Morales, peut-être le dernier penseur de l’exil républicain de 1939. Il avait célébré son centième anniversaire le 3 novembre 2015. Cet écrivain était le parfait représentant d’une espèce aujourd’hui disparue : les intellectuels humanistes.
Morales avait commencé ses études à l’université de Valence. En 1938, la troupe de théâtre El Búho dirigée pendant un temps par Max Aub joua sa première œuvre : Burlilla de don Berrendo, doña Caracolines y su amante.
Pendant la guerre civile, Morales était à la tête du Département de la Culture de la FUE (Fédération Universitaire Scolaire) de Valence, membre de la UFEH (Union Fédérale des Etudiants Hispaniques) et rédacteur en chef de la revue Frente Universitario, “organe de la FUE à l’arrière-garde”. En octobre 1936, il intégra volontairement les milices antifascistes, puis devint commissaire de l’armée populaire. Le 3 novembre 1938, on le chargea de donner le discours d’adieu aux étudiants des Brigades Internationales dans l’amphithéâtre de l’Université de Valence.
C’est là l’impeccable biographie d’un jeune étudiant antifasciste qui, le 18 juillet 1936, se trouvait à Barcelone pour participer au Olympiades Populaires en tant que nageur, et qui traversa la frontière française en 1939 à La Jonquera pour être admis au Camp de Saint-Cyprien.
Morales fut l’un des passagers du Winnipeg, le navire affrété par Pablo Neruda, et il débarqua au port chilien de Valparaiso le 4 septembre 1939. Il put exercer en tant que professeur de l’histoire de l’art au sein du département d’architecture de l’Université du Chili. Il ne cessa jamais de se sentir redevable envers son pays d’accueil et s’efforça de contribuer à son développement culturel en prenant part à d’importantes initiatives : la création du Théâtre Expérimental du Chili aux cotés de Pedro de la Barra, puis du Théâtre National du Chili ; la direction de deux collections aux éditions Cruz del Sur, “où il publia en 1943 une précieuse anthologie dédiée aux poètes en exil” ; son parcours universitaire ; sa participation au sein de l’Académie Chilienne des Langues (il devint ainsi le premier exilé républicain espagnol à être élu membre d’une Académie d’Amérique ; les quarante-deux pièces de théâtre et ses nombreux essais.
Morales incarne la tragédie du déracinement si caractéristique de notre exil républicain, et est victime d’une injustice qui va souvent de pair avec cette condition : le silence et l’oubli, aussi bien au Chili qu’en Espagne, de son oeuvre littéraire. Toutefois, la publication en deux volumes de ses oeuvres complètes par la Institución Alfons el Magnànim de Valencia, tente de réparer une partie de cette injustice en mettant à la disposition des lecteurs intéressés l’œuvre littéraire d’un humaniste exemplaire, dont les réflections viennent nous mettre en garde contre certains dangers de l’adoration de la technologie que nous observons aujourd’hui, en particulier dans une société comme la nôtre où règne un néolibéralisme capitaliste sauvage et où les marchés et les capitaux financiers font désormais office de nouveaux dieux.

Manuel Aznar Soler, 24.02.2016 | http://www.levante-emv.com/cultura/2016/02/24/ultimo-intelectual-exilio/1383268.html

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Erich Weinert- Quelle déception amére!

Quelle déception amère !
Erich Weinert, membre des brigades internationales, a écrit : « Autrement dit, le gouvernement français ne nous a pas accueillis comme les vétérans d’une guerre d’indépendance, mais comme des prisonniers qui seraient arrivés à Cayenne. Quelle déception amère ! » (Los Españoles del Winnipeg, J. Ferrer Mir, p.37)

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Argeles-sur-Mer, Juan Carrasco

Argeles-sur-Mer, Juan Carrasco

Juan Carrasco, soldat républicain, partage son vécu dans son livre La Odisea de los Españoles Republicanos en Francia.
« Dans le camp d’Argelès, les conditions de vie étaient précaires, l’espace vital, minime, et la promiscuité rendait les gens irascibles. On imagine sans mal l’espace dédié à la satisfaction des besoins naturels : un enclos près de la plage dans lequel les réfugiés – hommes, femmes et enfants – venaient faire leurs besoins. Il était impossible d’entrer dans un tel endroit sans marcher sur des excréments. L’endroit était si petit que les gens accroupis se touchaient presque les uns les autres.
Il est aujourd’hui difficile de croire que des réfugiés espagnols aient pu vivre dans de telles conditions sur les belles plages du Roussillon. » (Dans Los españoles del Winnipeg, J. Ferrer Mir, p.39)

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Salvador Morenas Mas et Francisco Requena

Salvador Morenas Mas raconte : Je me suis aussi lié d’amitié avec Francisco Requena, un barbier andalou. Il était toujours de bonne humeur, le sourire aux lèvres, ce qui contrastait fortement avec l’amertume et la tristesse qu’on pouvait lire sur la plupart des visages. Pour lutter contre la monotonie de la vie dans le camp de concentration, et aussi pour se faire un peu d’argent, Requena avait installé un salon à côté de la caserne. Chaque jour, il distribuait 20 bons pour un rasage gratuit et faisait payer tous les autres. Les rasages gratuits étaient terminés en quatre passages et aucune réclamation n’était possible.
L’ennui et l’oisiveté étaient nos plus grands ennemis. Pour les combattre, nous devions faire preuve d’imagination.
Un de mes compagnons de caserne ne cessait de penser à sa petite amie restée à Mataró. Il lui écrivit et finit par recevoir en retour une longue lettre d’amour.
J’ai passé près de six mois à Agde. C’était une vie sans but, sans routine, sans attentes, enfermé avec des milliers de républicains et de démocrates comme moi, mais ma jeunesse m’a donné la force de surmonter la faim, le froid et la douleur. C’est là-bas que j’ai fêté mon dix-neuvième anniversaire. (p.46-47)

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Neruda – Second cycle de son travail poétique

Neruda – Second cycle de son travail poétique

“S’éloignant de ses débuts introspectifs, le second cycle de la poésie de Neruda s’orientait davantage vers une conscience sociale profonde. Au milieu des années 1920, la société chilienne avait remarquablement changé, affectant ainsi la façon dont le poète percevait le monde dans lequel il vivait, comme il le reconnut plus tard dans ses mémoires. Neruda avait alors pris conscience du retour à la capitale de milliers de travailleurs des déserts salins, désormais sans emploi, du combat mené par Luis Emilio Recabarren, des revendications populaires et estudiantines, ainsi que le règne inébranlable de l’oligarchie. Sans pour autant vouloir effacer toute trace d’amour, de vie, de joie ou de tristesse de ses poèmes, Neruda reconnut néanmoins qu’il lui était “”impossible de rejeter complètement la rue et ne lui laisse aucune place dans mes poèmes”” (Confieso que he vivido, 1979, p. 76). En plus de ces circonstances sociales, l’introduction du politique dans sa vie et son travail fut aussi motivée par sa première carrière diplomatique débutée en 1927, lorsqu’il fut nommé consul du Chili en Birmanie. C’est cela qui lui a permis d’entrer en contact avec le monde et de s’intéresser à la justice sociale. En 1927, il publia en Espagne un livre écrit au cours de ses voyages à travers l’Orient et l’Europe, et qui deviendra l’une de ses œuvres majeures: Résidence sur la terre.

La créativité littéraire et poétique de Pablo Neruda lui ont obtenu la reconnaissance de ses pairs et des critiques. EN 1965, il reçut de titre de Docteur Honoris Causa à l’Université d’Oxford. En 1945, il reçut le prix national de littérature et, en 1971, le Prix Nobel de Littérature, devenant ainsi le sixième écrivain hispanophone et le troisième écrivain d’Amérique Latine à recevoir cette distinction.”

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