Amster Cats, Maurizio

Selon sa carte d’identité, Maurizio était de nationalité espagnole, né le 06-04-1907 à Lwow (Pologne). Il était marié et accompagné de son épouse Abelarda Amenedo Meraldino, née le 10-3-1912 à Coruña en Galice. La profession de Maurizio était dessinateur. Visage ovale, yeux marron, cheveux noirs. Il voyagea à bord du Winnipeg.

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Pey Casado, Victor

Pey Casado, Victor
Selon sa carte d’identité, Victor était de nationalité espagnole, né à Madrid le 31/08/1915. Ingénieur de profession, il voyageait seul, était célibataire, le visage ovale, les yeux marron, les cheveux noirs. Il voyagea à bord du Winnipeg.

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Neruda: Mission d’amour

Neruda: Mission d’amour

Et je les mis sur mon bateau.
C’était en plein jour et la France
eut cette fois sa robe d’apparat
quotidienne,
il y avait
la clarté du vin et de l’air
dans sa tunique de déesse forestière.
Mon navire attendait avec
son nom lointain
« Winnipeg »
collé à la jetée du jardin embrasé,
aux vieux raisins obstinés de l’Europe.
Pourtant mes Espagnols ne venaient pas
de Versailles,
du bal argenté,
des tapis anciens, amarante,
des coupes qui trillent
avec le vin,
non, ils ne venaient pas de là,
non, ils ne venaient pas de là.
De plus loin,
des camps et des maisons d’arrêt,
des sables noirs
du Sahara,
des cachettes inclémentes
où ils gisaient
dans la faim et la nudité,
là vers
mon bateau clair,
vers mon navire à l’ancre, vers l’espoir
ils accoururent l’un après l’autre
à mon appel, de leurs prisons,
des forteresses
d’une France qui chancelait,
par ma bouche appelés
ils accoururent,
« Saavedra », dis-je, et je vis venir le maçon,
« Zuñiga » dis-je, et « Zuñiga » était présent,
« Roces », et Roces arriva avec son sourire sévère,
je criai « Alberti ! », et la poésie accourut
avec ses mains de quartz.

Paysans, menuisiers.
pêcheurs,
tourneurs, mécaniciens,
potiers,
tanneurs :
comme il se peuplait le bateau
qui s’en allait vers ma patrie.
Je sentais dans mes doigts
les graines
de l’Espagne
que je rachetai, que je répandis
sur la mer, destinées
à la paix
des prairies.

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Les ailes du Winnipeg- Neruda

Les ailes du Winnipeg- Neruda
J’ai aimé dès le début le mot Winnipeg. Les mots ont des ailes ou n’en ont pas. Les mots rugueux restent collés au papier, à la table, à la terre. Le mot Winnipeg est ailé. Je l’ai vu s’envoler pour la première fois sur le quai d’un embarcadère, près de Bordeaux.

Le Winnipeg était un beau vieux bateau, auquel les sept mers et le temps avaient donné sa dignité. On peut affirmer qu’il n’avait jamais transporté à son bord plus de soixante-dix à quatre-vingts personnes. Le reste avait été constitué par des cargaisons de cacao, de coprah, de sacs de café, de riz, par des chargements de minerais. Cette fois pourtant un affrètement plus important l’attendait: l’espoir. (Pablo Neruda)

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Rosario Miranda – Liste des passagers

Rosario Miranda a commenté sur la liste postée sur Facebook par Miguel Millan : Winnipeg – Le navire de l’espoir. “M. Millán … encore une fois … ceci est la liste incomplète des passagers du Winnipeg, tirée du premier livre publié par Jaime Ferrer. Beaucoup de noms n’y figurent pas, rien que dans ma famille, il en manque 10, ma mère et ses neuf enfants.” Rosario Miranda, 12h17 le 6 octobre

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Miguel et José Ballester Soriano. Une mère qui n’a plus jamais pu embrasser et embrasser ses enfants.

« Oui, mais plus jamais je ne les embrasserai. »
Miguel et José Ballester Soriano ont épousé deux sœurs, Juana Hilda Laferte Chávez et Luz Marina Lafertt Chávez (une erreur typographique passée à leur descendance). Marina, ma tante, est arrivée en Espagne avec sa fille aînée au début des années 60 pour rencontrer les parents de mes oncles et le reste de la famille.
Ils étaient 5 frères, dont deux finirent exilés et deux perdirent la vie. À la mort de leurs parents, Les deux frères exilés payèrent le voyage de leur frère pour qu’il leur rende visite au Chili. Pendant le voyage, il rencontra Nino Bravo – je crois qu’il parla bien plus de cette rencontre que de ses frères et ses neveux.
Il y a trois ans, j’ai appris qu’ils avaient voyagé à bord du Winnipeg. Je suis entrée en contact avec Jaime Cardona Jasenwirth qui m’a beaucoup appris au sujet de mes oncles, et j’ai été mise en contact avec Ana Calero San Martin, une autre descendante de passagers du Winnipeg. Cela dit, j’avais déjà entendu le nom de Pablo Neruda. Miguel et José Ballester Soriano étaient cousins germains de ma mère, mais les rapports entre leurs parents avaient toujours été très soudés. Leur mère et ma grand-mère étaient sœurs, et même si leur fratrie comptait également deux frères, ma grand-tante avait toujours pu compter sur ma grand-mère. Elle avait ressorti les lettres qu’elles s’envoyaient pour que ma sœur puisse les lire et y répondre.
Chaque année, elles nous envoyaient des photos. Je ne m’en souviens pas car j’étais très jeune à l’époque, mais ma mère et son frère leur envoyaient aussi des photos de nous, car quand mon oncle José nous a rendu visite, il n’a reconnu que ma mère et son frère, aucun de ses nombreux cousins. Mon oncle José et sa femme ont vécu deux ans au Chili. À cause de la dictature de Pinochet, il a dû quitter le Chili pour l’Allemagne de l’Est, mais ses enfants, frères et neveux y sont restés. Un de ses amis a fini par lui trouver du travail au Vénézuela ; il avait l’habitude de dire qu’au moins, ils se trouvaient alors “à mi-chemin”.
En 1984, José nous a écrit pour nous annoncer la mort de l’oncle Miguel. Ce dont je ne me souviens pas, c’est s’il était déjà retourné au Chili à ce moment-là. José est mort en 1997. Les échanges avec cette branche de notre famille ont fini par s’éteindre, mais je sais que les cousins ont gardé le contact entre eux.
Maintenant que j’ai vu les photos de mon oncle José datant de l’époque où il s’occupait de toutes les formalités administratives pour rester au Chili, je comprends pourquoi le frère de ma mère l’a tout de suite reconnu quand il l’a vu passer dans la voiture qui l’emmenait en ville ; il ressemblait énormément à son frère Rafael qui est mort ici.
J’ai toujours entendu sa mère – ma grand-tante – dire que sur les 5 enfants qu’elle avait eus, 4 étaient morts, ce à quoi ma grand-mère répondait invariablement “Elvira, ne dit pas ça, ils ont une famille à l’autre bout du monde, et toi aussi.” “Oui, mais plus jamais je ne les embrasserai.”
Ce n’est qu’une partie de l’histoire que ma mère m’a racontée. Je ne sais pas grand chose de la période à laquelle mon oncle a vécu en Espagne dans les années 1970. Ils me manquent.

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Des républicains dans les camps de concentration

Des républicains dans les camps de concentration. Comme il était dur d’accepter la réalité ! La France envoyait des républicains dans des camps de concentration, les traitait comme des prisonniers de guerre, les entourait de fils de fer barbelé, les surveillait rigoureusement, et tout cela sans même leur offrir de toit pour les protéger de la pluie, du vent et du froid. Avec pour seule nourriture un morceau de pain et de l’eau qui ne tardait que trop à leur parvenir. (Los Españoles de Winnipeg, J. Ferrer Mir, p.34)

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Joan Abril, Saint Cyprien, 16 ans plus tard.

Joan Abril, Saint Cyprien, 16 ans plus tard.
16 ans plus tard, retour à la plage de Saint-Cyprien par une chaude matinée d’août. Il ne restait rien du camp de concentration, rien pour rappeler l’horrible enceinte qui le formait. Au lieu de cela, un agencement resplendissant composé de grandes avenues bordées de chalets élégants, de maisons luxueuses et d’appartements avec de superbes jardins. J’ai pris plaisir à contempler la mer qui continue d’aller et venir sur la plage lisse. Les gens qui résident là aujourd’hui ne peuvent imaginer qu’il existait avant un morceau de plage arrosé des larmes de milliers de malheureux, dont beaucoup ont perdu la vie sous le coup de la maladie, de la faim ou du chagrin. Les joyeux groupes de baigneurs ignorent tout de ces événements tragiques et des scènes inhumaines qui se sont déroulées sur ces plages. À seulement quelques kilomètres de là, sur la route d’Elne, se trouve un espace cerclé de murs bas et protégé par une porte en fer. Sur un pan du portail, une tablette de marbre rappelle ces événements. C’est là que se trouve le cimetière des réfugiés espagnols tués dans le camp de Saint Cyprien. Parmi l’herbe sauvage, des croix en bois marquent l’emplacement des restes de centaines d’espagnols anonymes. (p.50-51)

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