Exilée – Raquel Valero: Je pense que nous tous qui écrivons ici, nous partageons, d’une façon ou d’une autre, un passé ou des racines communes. Ces racines et ce passé, je n’ai commencé à les chercher qu’au début de ce siècle. Mon séjour au Chili en 2003 a été un événement capital. Je me suis alors demandé où j’étais exilée, moi. Je suis née en Espagne et on pourrait donc dire que je suis espagnole… Mais pendant des années, j’ai éprouvé de la peine et de la nostalgie chaque fois que je songeais au Chili. Je suis maintenant bien intégrée, en particulier à Valence, cet endroit où ma famille a toujours voulu retourner et qui m’a toujours inspiré un sentiment de nostalgie, mais je ne saurais toujours dire d’où je viens. Peut-être que, comme le dit Sylvia, je suis à moitié de Santiago et à moitié de Valence. Pourtant, je dis toujours que je suis « chilienne-valencienne » parce que l’Espagne me semble plus lointaine, peut-être à cause de la politique et de ce drapeau que je ne connaissais pas, et ne reconnais toujours pas aujourd’hui…