En 2015, je travaillais sur un projet de visualisation des données maritimes (que vous pouvez découvrir en suivant ce lien : http://lumacode.com/projects/gttw/ ) et j’avais pour idée de le transformer en une représentation poétique du port de Buenos Aires, où je savais que mon grand-père avait vécu lorsqu’il était en Argentine. Je venais tout juste de retrouver une vieille carte d’identité chez ma mère, dans leur village natal de la province de Guadalajara en Espagne.
De nos jours, on peut presque tout trouver sur Internet, et j’ai donc décidé de faire une recherche avec son nom, Franciso Mencía Roy, accompagné de la ville où il avait vécu en Argentine, Comodoro Rivadavia. À ma grande surprise, j’ai retrouvé mon grand-père et son frère Cosme sur la liste des passagers d’un navire baptisé le Winnipeg. Ma surprise était d’autant plus importante que je ne m’étais pas du tout attendue à trouver leurs noms en ligne. Dès lors, ce projet a pris une tout autre dimension. Ma curiosité était piquée : je voulais en apprendre davantage et explorer ces nouvelles possibilités pour créer une œuvre à la fois historique et artistique, basée sur un évènement intime et personnel, que je pourrais présenter au festival E-Poetry à Buenos Aires.
C’est ainsi que j’ai commencé à faire des recherches sur le Winnipeg. Personne dans ma famille ne savait qu’ils avaient voyagé à son bord. Après la guerre civile d’Espagne, beaucoup de républicains espagnols, dont mon grand-père et son frère semblaient faire partie, s’étaient enfuis en France et avaient fini prisonniers dans des camps de concentration dans le sud du pays. Cette découverte a été un véritable choc pour ma famille, d’autant plus que j’ai appris par la suite que le célèbre poète chilien Pablo Neruda, amoureux de l’Espagne et ému par la situation de ces réfugiés, avait décidé de les aider par pure solidarité. Il résidait alors au Chili où il travaillait comme consul chargé de l’immigration et, avec le soutien du Premier ministre chilien, Pedro Aguirre Cerda, il affréta le Winnipeg pour un voyage qui devait mener les 2200 Espagnols exilés de la guerre civile de Trompeloup, en France, à Valparaiso, au Chili, le 4 août 1939.
(Vous pouvez lire « Misión de amor » [Mission d’amour] dans le recueil de Neruda, Memorial de la Isla Negra [Mémorial de l’île noire]. Dans ce magnifique poème dont le titre peut être interprété comme « un travail de l’amour » ou « une mission d’amour », il explique comment il appelait ces réfugiés par leur nom et comment ils se présentaient à lui, en indiquant leurs professions. Il les compare à des graines qu’il aurait semées dans l’océan et qui faisaient route vers la paix.)
Avant que le Winnipeg ne largue les amarres, l’atmosphère était remplie d’émotion. On raconte que Pablo Neruda en a été si touché qu’il a voulu consigner ce souvenir bien précis en écrivant ces mots : « Que la crítica borre toda mi poesía, si le parece. Pero este poema, que hoy recuerdo, no podrá borrarlo nadie » (Que la critique efface toute ma poésie si bon lui semble, mais ce poème que j’écris aujourd’hui, personne ne pourra l’effacer.)
J’avais du mal à croire que mon grand-père avait été sauvé des camps de concentration français par Pablo Neruda et qu’il avait pu voyager à bord de son cargo. À ce que je sais, mon grand-père était infirmier et j’imagine que pour un voyage aussi long, cela faisait de lui un atout. J’ai essayé de retrouver de lointains cousins susceptibles de me donner des informations sur le Winnipeg ou d’avoir de la famille au Chili, mais ce n’est que très récemment que j’ai appris que Cosme s’était marié et avait de la famille dans ce pays. Malheureusement, je ne l’ai su qu’après mon voyage au Chili et je n’ai pas encore réussi à entrer en contact avec eux.
C’est ainsi que mon projet de recherche-création est passé des applications mobiles et de la visualisation des données maritimes à une exploration des évènements en lien avec la guerre civile espagnole et à la mémoire historique de l’Espagne et du Chili. J’ai découvert des livres et des expositions en rapport avec le Winnipeg et ses passagers, leurs vies et leurs familles, ainsi que l’URL des archives de La Memoria Chilena. C’était incroyable voir l’histoire de mon grand-père se déployer ainsi sous mes yeux, de dénicher des anecdotes et des informations sur cet évènement important bien que largement oublié en Espagne, et de voir comment cela m’a personnellement affectée et influencée.
J’ai commencé par vouloir créer une visualisation poétique des navires en partance pour l’Amérique latine au cours du mois d’août 1939. Le Winnipeg en serait la vedette, un cargo rempli d’adieux, d’émotions et d’espoirs. J’ai pris contact avec des bibliothèques pour tenter de localiser le journal de bord du bateau, ou toute autre sorte d’information numérisée qui m’en aurait appris davantage sur les navires en partance de France et d’Espagne cette année-là. À ce jour, je n’ai pas encore trouvé de version numérique du trajet emprunté par le Winnipeg. De telles données associées à des coordonnées auraient été très utiles pour visualiser précisément la traversée du cargo, mais j’ai tout de même trouvé dans les archives de La Memoria Chilena une carte où l’on peut voir la route empruntée par les navires entre Trompeloup et Valparaiso. C’est cette carte qui fait aujourd’hui partie du projet et le parcours du Winnipeg y est représenté par une ligne de texte contenant les noms de tous ses passagers.
Je me suis rendue à Buenos Aires en 2015 pour présenter le prototype de ce projet au festival E-Poetry. L’auditoire m’a témoigné beaucoup d’intérêt et de curiosité. Une autre surprise m’attendait au Museo de la Inmigración (MUNTREF), autrefois l’hôtel des immigrants en raison de sa proximité avec le port. Le jour de l’inauguration, j’ai appris qu’ils avaient numérisé les listes des passagers débarqués au port et j’y ai trouvé une preuve de l’arrivée de ma grand-mère, le 12 février 1951. Elle avait voyagé sur le Cabo de Buena Esperanza avec quatre de ses enfants — mon père ayant dû rester en Espagne, car il était en âge d’effectuer son service militaire. Mes oncles et tantes étaient alors jeunes : l’aînée avait 20 ans, les deux garçons en avaient respectivement 18 et 16, et la benjamine était âgée de 13 ans. La date de leur arrivée m’indiquait que cela faisait onze très longues années qu’ils n’avaient pas vu mon grand-père. En plus de cela, j’ai appris que ma grand-mère et sa plus jeune fille étaient rentrées rapidement en Espagne, car mon grand-père était mort peu de temps après leur arrivée. Leurs trois autres enfants avaient décidé de rester en Amérique latine pour y bâtir une vie meilleure et avaient fini par s’installer à Caracas. Bien des années plus tard, mon père a fait le voyage jusqu’au Vénézuéla pour y rendre visite à sa famille, accompagné de ma mère. D’abord partis pour une courte visite, ils auront passé sept ans là-bas… Et c’est aussi là-bas que je suis née.
Jamais je n’aurais imaginé avoir une dette envers le poète auteur des Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée que j’ai tant de fois recommandés à mes étudiants en espagnol à Londres, ce même Pablo Neruda qui a écrit Le livre des questions. Je lui dois d’avoir contribué à forger mes centres d’intérêt : les voyages, les cultures, les langues, la littérature, les arts, le besoin d’explorer et d’être curieuse de tout, le sentiment permanent de venir d’ailleurs et d’être différente, de connaître à la fois la joie et la mélancolie, ma capacité voler de mes propres ailes et à faire preuve de persévérance et de détermination — un trait que je sais désormais hérité de ma famille. Enfin, je lui dois d’avoir sauvé mon grand-père et son frère. Je me dois aussi d’ajouter que mon père a toujours éprouvé de la tristesse et de l’amertume à l’idée d’avoir perdu son père alors qu’il n’avait que onze ans, lorsque mon grand-père est parti d’abord à la guerre, puis en exil, et de ne l’avoir jamais revu.
On pourrait dire que cette histoire qui m’a accompagnée sans même que je le sache est le fruit de nombre de mes projets, en particulier ceux en lien avec ce « Poème qui a traversé l’Atlantique », tels que « Cityscapes : Social Poetics/Public Textualities » (2005) et « Connected Memories » (2009). C’est drôle comme nous ignorons parfois la source de nos sentiments les plus profonds !
Après le festival E-Poetry de Buenos Aires, j’ai continué à faire des recherches et me suis rendue au Chili, dans la superbe ville de Valparaiso. J’y ai visité les demeures de Neruda, Isla Negra et Santiago du Chili où j’ai continué à éplucher les archives, à écumer les centres communautaires et les galeries, à filmer, à prendre des photos et à parler aux habitants. Et lorsque ceux-ci me demandaient ce que je faisais au Chili, je leur répondais que mon grand-père m’y avait amenée. C’était un sentiment merveilleux qui me réchauffait le cœur et me donnait l’impression d’être la bienvenue dans ce pays, comme si une partie de moi y avait toujours appartenu. Je me sentais chez moi dans un lieu où je n’étais jamais venue auparavant et débordais de gratitude envers la générosité que me témoignaient les habitants.
Pour finir : nous avons créé ce site pour encourager les lecteurs, les familles des passagers et quiconque aimerait contribuer à soumettre leurs propres histoires pour qu’elles viennent s’ajouter à cette visualisation poétique du voyage du Winnipeg. C’est ce que j’ai intitulé « Le poème qui a traversé l’Atlantique ». Il me semble avoir lu cette phrase au cours de mes recherches et j’ai aussitôt aimé cette image du navire comme poème transportant ses nombreuses histoires. Le Winnipeg a transporté les histoires entremêlées des passagers et de leurs familles, et celles-ci sont désormais représentées dans l’océan du World Wide Web, en compagnie des poèmes de Pablo Neruda et des informations en lien avec cet évènement.
Un poème créé avec affection pour un grand-père que je n’ai jamais connu ; pour mon père qui n’a pas revu son propre père depuis ses onze ans ; et pour tous ceux qui traversent aujourd’hui des épreuves similaires. Les perdus, les réfugiés, les exilés.
Mi familia paterna viene de España, llego en el Winnipeg.
Mi familia paterna viene de España, llego en el Winnipeg.
My father’s family are originally from Spain, they arrived in the Winnipeg.
La famille de mon père est originaire d’Espagne. Ils sont arrivés sur le Winnipeg.
Resultaba increíble que gracias a Pablo Neruda, su abuelo se hubiera salvado de los campos de concentración franceses y hubiera conseguido un pasaje tan anhelado en aquel buque. Por lo que he leído siempre tanto mi familia como el antiguo médico del pueblo, él trabajaba como enfermero y esto hace superar su experiencia en esta profesión debió de ser muy útil en tan largo viaje. Intenté encontrar familiares que quizá me pudieran aportar más información, sin embargo.
“Rosario Miranda comentó sobre la lista de Miguel Millan en facebook: WINNIPEG EL BARCO DE LA ESPERANZA. Señor Millán…una vez más, …esta es la lista incompleta de los pasajeros del Winnipeg, del primer libro que editó Jaime Ferrer, faltamos muchos, sólo de mi familia diez personas, mi madre y los nueve hijos” Rosario Miranda, 12:52pm Oct 6
Enhorabuena, María, no sabes cuánto siento no poder asistir a tus presentaciones de junio del 2018. Acabo de volver de Madrid y estoy en Boston.
Es estupendo el trabajo que estás haciendo y tu Blog es fantástico.
Solo una objeción, que es la lista de pasajeros del Winnipeg que has colgado y que ha causado enorme turbulencia. La publicó originalmente Jaime Ferrer con mucho mérito, con los escasos documentos de los cuales se tenía conocimiento entonces, por lo que, inevitablemente, contiene muchas omisiones, errores en los nombres y hasta lista personas que no fueron pasajeros. Como no ha habido otra, esa lista preliminar y por fuerza defectuosa se ha reproducido, publicado en numerosos sitios y por distintos medios, consultado y distribuido extensamente como si fuera “oficial” que no lo es ni mucho menos.
Desde hace años, muchos pasajeros, yo incluida, y muchos descendientes de pasajeros, hemos hecho notar que la lista es incompleta y que hay muchos errores, pero las entidades que la publican ni la han modificado ni han añadido una explicación que no es completa y contiene errores. Ni que decir tiene, dicha lista ha causado mucha desesperación y hasta indignación a muchos de los pasajeros omitidos y a sus descendientes. Como dato curioso, dicha lista también parece omitir a más mujeres que a hombres. Por ejemplo, incluye el padre de Montserrat Julió, la gran actriz, pero no a ella ni a su madre. Igualmente, incluye a mi padre, pero no a mi madre ni a mí. Y eso que tanto Montserrat como yo estamos en la foto de “los niños del Winnipeg” que se tomó en el barco y se ha publicado por diversos medios, y pese a que ambas aparecemos en numerosos documentos y libros y artículos, entre otros de mi padre, donde se menciona que éramos pasajeras del Winnipeg.
Dicha lista no solo ha causado daños emotivos, si no también reales. Por ejemplo, mis hijos solicitaron nacionalidad española a base de la Ley de la Memoria, pero dos Consulados de España, dispuestos a no otorgársela, alegaron que yo no estoy en la lista de pasajeros y por lo tanto no había llegado en el Winnipeg, ni fui refugiada, y rechazaron sus solicitudes. No aceptaron la gran evidencia que presentaron que indica lo contrario. Por si fuera poco, un señor publicó dicha lista en Facebook con el título: “Esta es la lista completa de los pasajeros del Winnipeg.”
Este es uno de los muchos comentarios:
“Rosario Miranda commented on Miguel Millan’s post in WINNIPEG EL BARCO DE LA ESPERANZA.
Rosario Miranda
Rosario Miranda 12:52pm Oct 6
Señor Millán…una vez más,,, …esta es la lista incompleta de los pasajeros del Winnipeg, del primer libro que editó Jaime Ferrer, faltamos muchos.,,,..sólo de mi familia diez personas…mi madre y los nueve hijos…”
Tengo entendido que se está preparando una lista basada en documentos fidedignos. Hasta que se dé a conocer, convendría que la lista de Jaime Ferrer se reproduzca solo si va con una explicación de que estuvo hecha en una época en que no había documentación fidedigna disponible para verificar los verdaderos pasajeros, y contiene omisiones y errores.
Por lo demás, este “site” es muy hermoso. Muy buena suerte con tu estupendo proyecto,
Elena Castedo
Autora de la novela sobre una niña de la Guerra Civil refugiada en Chile, “Paradise,” Grove Press, 1995, Finalista del National Book Award en Estados Unidos, y de la auto-traducción al castellano, “El paraíso,” Ediciones B, Barcelona; Club de Lectores, España; Editorial Zig-Zag, Chile; Editorial Tiempos Modernos, Buenos Aires; Editorial Planeta, México y otras ediciones.
Exiliada – Raquel Valero
Siento que todos y todas las que escribimos por aquí, tenemos, de alguna manera, un pasado o unas raíces comunes. Esas raíces y ese pasado que sólo desde este nuevo siglo, empiezo a buscar. Una de las cosas para mí, importantísima, fue volver a Chile en el 2003. Y me pregunto ¿de dónde soy exiliada, yo? Por lo visto, se supone, que al nacer en España, sería de España, pero mi dolor y mi añoranza, durante años, fue de Chile. Hoy en día, estoy más adaptada aquí, sobretodo en Valencia, que era donde mi familia quería volver y la tierra que añoraba, pero nunca sé de dónde soy. Quizá como dice Sylvia, medio santiaguina, medio valenciana. Aunque siempre digo que yo soy una chileno-valenciana, porque para mí, España la siento más lejana, quizá por cuestiones políticas y esa bandera que no conocía, ni reconozco…
Miguel y José Ballester Soriano. Casaron con dos hermanas Juana Hilda Laferte Chávez y Luz Marina Lafertt Chávez (un error tipográfico en el 1º apellido que pasó a los hijos).
Mi tía Marina y su hija mayor vinieron a España a principios de la década de los 60, a conocer a los padres de mis tíos y al resto de la familia.
Ellos eran 5 hermanos, dos se exiliaron, 2 murieron y el que quedaba vivo, cuando murieron sus padres, los hermanos le pagaron el viaje a Chile para verse. En el viaje conoció a Nino Bravo, yo creo que cuando vino habló mas de eso que de sus hermanos y sobrinos.
Hace unos tres años que supe que ellos viajaron en el Winnipeg (me puse en contacto con Jaime Cardona Jasenwirth y me dio muchos datos de mis tíos, hoy se ha puesto en contacto conmigo Ana Calero San Martín, ambos descendiente de pasajeros del Winnipeg), sin embargo si oí el nombre de Pablo Neruda en mi casa. Ellos eran primos hermanos de mi madre, pero la relación con sus padres siempre fue muy cercana. Su madre y mi abuela eran hermanas pero a pesar de que tenían dos hermanos mas, mi tía-abuela siempre se apoyó en mi abuela, subía las cartas que mandaban para que mi hermana se las leyera y las contestara.
Mandaban fotos todos los años, yo no las recuerdo ya que era muy niña, y al parecer mi madre y su hermano también les mandaron fotos de nosotros, ya que cuando mi tío José vino de todos los primos que tenían solo reconoció a mi madre y a su hermano.
Mi tío José y su esposa vivieron dos años aquí, ya que tocó salir de Chile a Alemania del este, con la dictadura de Pinochet, pero sus hijos, hermanos y sobrinos quedaron en Chile, entonces un amigo le consiguió trabajo en Venezuela y marcharon para allá, él dijo: “allí estamos a menos de mitad de camino”.
En 1984 murió mi tío Miguel, el tio José escribió para decirlo, lo que no recuerdo es si él ya había regresado a Chile. En 1997 murió mi tío José. La comunicación con nuestra rama de la familia se cortó, pero se que con sus primos hermanos mantienen el contacto.
Ahora que he podido ver las fotos de mi tío José de cuando hacía todo el papeleo para quedarse en Chile, he comprendido porque el hermano de mi madre lo reconoció cuando lo vio pasar en el coche que lo trajo al pueblo, se parece mucho a su hermano Rafael que es el que murió aquí.
Mi tía-abuela, su madre, siempre le oí decir: de 5 hijos, 4 se me han muerto, a lo que mi abuela le respondía: “Elvira no digas eso, ellos y tú tienen una familia al otro lado del mundo”. SI PERO NUNCA LOS VOLVERÉ A ABRAZAR.
Esto es lo poco que recuerdo o lo que escuché contar a mi madre, no estoy segura, de cuando mi tío vivió en España en los 70, si los recuerdo.
De buscar trabajo, nada. En Chile habían llegado poco después de nuestro arribo, las vacaciones del verano austral, que casi se me juntaron con las del verano europeo, y, si algo había trabajado, al tiempo que estudiaba, en la zapatería de la familia, con la actividad política, la guerra, el exilio en París y ahora estos dos veranos casi seguidos, mis manos desconocían los callos y durezas que suelen ocasionar las habituales herramientas de trabajo. Sin embargo, las pesadillas de los bombardeos, de las ametralladoras, de las pavas italianas en Barcelona, todavía me venían de pronto en la noche y me despertaba sobresaltado si un avión de caza me perseguía ametrallándome o una explosión de bomba me caía muy cerca. Ya habían pasado seis meses de nuestra llegada a Chile y aún no dormía tranquilo.
Pasó el verano y con Miguelito seguíamos haciendo vida de rentistas, junto a sus padres. Sería por Abril o Mayo (ya llevaba mas de siete meses holgazaneando y ni caía Franco ni Miguel compraba ningún negocio), cuando le dije con delicadeza al matrimonio que pensaba en empezar a buscar algún trabajo; yo, leyendo los avisos de los diarios de ofrecimientos de empleos, los repasaba una y otra vez, desde el principio al final, y me decía: No se nada de ninguno de todos ellos. Porque todos podían saber algo de algo; pero yo no sabía nada de nada, a mis veintiséis años.
Por fin, hablando con Miguel padre me dijo que había un amigo valenciano y republicano que tenía una tienda de calzados. Eramos tres vendedores. Dos chilenos que me acogieron muy bien y yo mismo. Se seguía un turno estricto de atención a los que entraban a comprar, a menos que el cliente o clienta pidiera ser atendido por un vendedor determinado que ya conocía. Pero no me podía quejar. Nos visitaba por las tardes algunas veces el Dr. Francisco Arenzana, pediatra, refugiado republicano como yo, que había llegado a Chile unos quince días antes que nosotros en el Winnipeg, patrocinado por la secta protestante de los cuáqueros.
Un día, le había vendido yo unos zapatos a un obrero, era sábado por la tarde, se iba con ellos puestos y nos dejaba para la basura los usados que traía al llegar. Yo iba a echarlos en el cajón de la basura; pero el chilenazo me dijo. No hagas tal, porque esta noche éste se cura y el lunes va a venir a buscar sus zapatos viejos, ya que los nuevos se los habrán quitado, si quedó botado en el suelo a la salida de una taberna. Y así ocurrió. Estábamos en la época de Chile en que el rotito o roto chileno existía de verdad todavía, con su chaqueta descosida o pedazos de paños de otros trajes que no hacían juego, pantalones con roturas sin arreglar y las populares ojotas, con suelas de trozos de neumáticos usados de autos. En un medio popular así, nosotros que llegamos con lo puesto estábamos casi a la par con ellos. Por eso que nos fuimos incorporando al pueblo chileno sin mayores problemas.
Estaría un par de meses en la zapatería de Paco Calabuig, cuando un día me topé con un compañero del Winnipeg, Celestino Morlans, quien me preguntó qué estaba haciendo y que si me sentía capaz de hacer traducciones de textos franceses al castellano, me podía presentar en la agencia HAVAS, de noticias extranjeras, donde él ya estaba trabajando.
Existía en el “Centre Catalá” en ese tiempo una vida animadísima, con el coro, representaciones teatrales, bailes sociales sábados y domingos y un diariamente concurrido bar y restaurant. Los ricos antiguos emigrantes, como Pere Mir, dueño de las bodegas MIR, en Vicuña Mackenna, pasado de Avenida Matta; los hermanos Sabaté, propietarios de una fábrica de calzado; el señor Mitjans, de la conocida firma de Licores Mitjans; Juan Gratacós, que tenía una tienda de calzados a la entrada de la calle Puente, próximo a la Plaza de Armas; los dueños de la camisería Barcelona, en la misma calle; Antoni Pi, con una gran curtiembre y fábrica de carteras y bolsos de cuero, en calle Bandera y otros ricachones no se hacían ningún problema en convivir de tú a tú con nosotros “los refugiados” recién llegados “sólo con lo puesto y gracias”, en 1939.
Y en el aspecto cultural, los intelectuales catalanes ahora desembarcados, que nunca habrían sido emigrantes en Chile en circunstancias normales, les resultaron todavía más útiles para su antigua revista Germanor y el Butlletí del Centre Catalá, porque al asumir su dirección y redacción los hicieron mucho más importantes que hasta entonces, por la mejor calidad de sus colaboraciones, sin querer esto significar un desmedro de la calidad y esfuerzo que se había desarrollado por varios lustros antes.
Domenéc Guansé tomó la Secretaría del Centre y era alma del nuevo Germanor. Una persona ya algo mayor, menuda, amorosa, muy culta, que pasaba todo el día en la Secretaría, creo que con una modesta remuneración absolutamente merecida. Al parecer era soltero o viudo y debía alimentarse como un pájaro, de acuerdo a su físico. Escribía articulos, buscaba colaboraciones y avisos, atendía el teléfono y las visitas. No paraba un instante.
Francesc Trabal, Joan Oliver (Pere Quart), José María Cassasses y Xavier Benguerel actuaban como los más constantes colaboradores con sus articulos. Benguerel, fino, educado, que provenía sin duda de una familia acomodada, desplegaba una doble actividad; por un lado, como empresario creó un laboratorio farmacéutico, de acuerdo a su profesión en Barcelona, del Laboratorio Benguerel que, cuando regresó a Barcelona, traspasó y los sucesores siguen exhibiendo los productos Benguerel en los estantes de las farmacias chilenas. Me viene a la memoria que tenía un articulo antiséptico y cicatrizante, que muy luego se popularizó en todo Chile, entre médicos y público en general; Metapío, que no faltaba a mano en la mayoría de las casas. El único problema que presentaba era que teñía la piel de un rojo intenso. Quizá ello ha dado lugar a su reemplazo por otros similares incoloros.
LA CRISIS CONSTITUCIONAL DESDE UNA PERSPECTIVA REPUBLICANA
El Exilio en Chile. Testimonio de Ovidio Oltra. Mª Fernanda Mancebo Universidad de Valencia.
El gobierno republicano con fondos del SERE (Servicio de evacuación de refugiados españoles), había conseguido comprar un viejo barco, el Winnipeg, que hacía la travesía Marsella- costa norte de Africa, y lo había acondicionado con literas de madera de modo que se aprovechara al máximo el espacio. Al fin se dio cabida a 2000 refugiados. El barco partió del puerto de Trompeloup, cerca de Burdeos el 4 de agosto de 1939, y llegó a Valparaíso el 3 de septiembre, el mismo día que estallaba la segunda guerra mundial. En él y anteriormente en el puerto, se habían reencontrado familias y amigos largo tiempo separados.
Gracias a la firma de Neruda, ayudado en esos momentos por su esposa Delia del Carril, y el sello del SERE pudieron partir como lo hacían también los barcos para México, SINAIA, IPANEMA y MEXIQUE.
Ovidio Oltra, del que presentamos su testimonio en este trabajo comentó a su llegada: “En el puerto de Valparaíso nos esperaba una gran multitud de chilenos y españoles simpatizantes, junto a ellos autoridades políticas chilenas y miembros del CCHARE (Comité Chileno de ayuda a los refugiaespañoles), que habían previsto la colocación de unos 200 de los viajeros en Valparaíso mismo y alrededores y además un tren especial para el traslado de los demás a Santiago, quienes serían recibidos con cena en los Centros Republicanos Catalán y Vasco.”
Según el mencionado trabajo de V. Lloréns esta fue la expedición “Más proletaria de toda América” de acuerdo con los deseos del presidente Aguirre, pero tampoco faltaron en ella intelectuales o jóvenes promesas que luego desarrollaron su labor en Chile. Contamos entre ellos al dramaturgo y profesor José Ricardo Morales, que pronunció la conferencia de clausura en el Congreso valenciano de 1999 . Carmelo y Arturo Soria y su esposa Conchita Puig, a los que más tarde se unió su hermano Fernando Puig Sanchís, procedente de la URSS donde estuvo en la Escuela de pilotos y participó en la segunda guerra mundial. Los Soria, crearon la editorial Cruz del Sur con la asesoría literaria de Morales que dirigió dos colecciones y José Ferrater Mora y la dirección artística de Mauricio Amster, tipógrafo y grabador de Revista de Occidente . Finalmente a la delegación de la CEPAL (Comisión Económica para América Latina), dependiente de las Naciones Unidas en Chile pertenecieron como funcionarios hasta su jubilación, el sociólogo José Medina Echavarría, el abogado Julián Calvo y el escritor Francisco Giner de los Ríos, que antes habían estado en México.
En fin una emigración que contó con sus tertulias y sus cafés, con sus empresas y sus artistas y un aporte silencioso que contribuyó grandemente al despegue chileno de la época.
Artistic Director, concept creation, researcher: María Mencía
http://www.mariamencia.com
Creative Programming: Alexandre Dupuis
Je n’aurais jamais imaginé avoir une dette envers Pablo Neruda pour avoir sauvé mon grand-père, FRANCISCO MENCÍA ROY et son frère, COSME MENCÍA ROY, des camps de concentration français
Voici le document où j’ai trouvé pour la première fois les noms de Francisco et Cosme : Memoria Chilena: Los españoles del Winnipeg, Liste des passagers.
http://www.memoriachilena.cl/archivos2/pdfs/MC0001872.pdf
Neruda et le soutien du Chili
El largo viaje a Chile: http://www.andalucia.cc/winnipeg/capitulo_4.htm
Refugiados españoles desmienten en Chile las leyendas del barco Winnipeg
“Los historiadores Jaime Ferrer y Julio Gálvez afirmaron que en el Winnipeg viajó “gente de todas las regiones de España” y con “oficios de todo tipo”, pertenecientes a hasta 33 movimientos y partidos políticos distintos, según las
fichas de los pasajeros que se encontraron”.
“La pintora Roser Bru declaró que el Gobierno chileno pidió que entre los pasajeros del Winnipeg se encontraran profesionales de todo tipo, con el fin de que pudiesen aportar conocimientos al pueblo chileno, y descartó que solo hubiese gente afiliada al Partido Comunista”.
Source: http://www.soitu.es/soitu/2009/09/02/info/1251860630_693424.html
“Pedro Aguirre Cerda, the president at the time, supported the cause and designated Chilean Pablo Neruda as the consul in charge of transferring the refugees. That is how, on September 3, 1939, more than 2.000 Spanish refugees arrived at the port of Valparaíso on the Winnipeg cargo ship”.
Source: http://www.thisischile.cl/the-winnipeg-is-commemorated-after-75-years-of-its-arrival-to-chilean-coasts/?lang=en
El Imborrable Poema de Neruda
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http://radio.uchile.cl/2014/08/08/winnipeg-el-poema-de-pablo-neruda-que-jamas-han-podido-borrar
LA MISIÓN DE AMOR DE PABLO NERUDA. EL WINNIPEG, UN POEMA QUE SURCÓ MARES y OCÉANOS
http://winnipeg70.wordpress.com/la-historia-del-winnipeg/
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Meza N. (2019), Visualising Latin American Discourses through a Digital Rhetoric Perspective, in Digital Narrative Network, Bergen, Norway.
Meza N. (2019) Voces y figuras: hacia una retórica digital de las obras de literatura electrónica latinoamericana. Revista Texto Digital v. 15, n. 1 online: https://periodicos.ufsc.br/index.php/textodigital/article/view/1807-9288.2019v15n1p39/40647
Meza N. (Leeds Univ) 2018, The Winnipeg: TPCA: The City and the Sea: Archetypal Settings in Lain American Electronic Literature in Women in Spanish and Portuguese Studies. UoL, London, UK
Miñana Luisa, 14 June 2018, Review about my work “El Winnipeg, el barco de la esperanza”, Published in Artes & Letras -Heraldo de Aragón (main newspaper in Spain).
Morales Malva, J.R. El delito de pensar, una razón del destierro, Léxili cultural de 1939. Seixanta anys després, Edición de Mª Fernanda Mancebo, Marc Baldó y Cecilio Alonso, 2 vols. Universitat de Valencia, Biblioteca Valenciana, Fundación Max Aub, Valencia, 2002, II, (pp.613-)
Neruda P. (1974) El Libro de las preguntas. Planeta.
Neruda, P. (1974) Confieso que he vivido. Memorias. Seix-Barral, Barcelona, (pp. 204-206)
Oltra Alonso O. (1999) Texto en Winnipeg 60 años. Folleto con las actividades y el testimonio de varios exiliados editado por el Centro cultural de España, Santiago de Chile. pp. 14-15.
Pablo Neruda, el Winnipeg y los republicanos españoles.
Film director Dominique Gautier and Jean Ortiz, professor from Pau University are the authors of the documentary documental ‘La travesía solidaria’.
‘El Winnipeg sale de Pauillac, puerto cercano a Burdeos, el 4 de agosto de 1939, con destino a Valparaiso en Chile, a donde llega el 2 de septiembre.
http://www.espanol.rfi.fr/cultura/20111227-pablo-neruda-el-winnipeg-y-los-republicanos-espanoles
Radio RTE
http://www.bbc.co.uk/mundo/america_latina/2009/09/090830_galeria_exilio_winnipeg_pea.shtml
http://www.nuestro.cl/notas/rescate/winnipeg2.htm
Chansons du voyage
Chansons avec lesquelles ils furent accueillis au Chili:
El quinto regimiento.
¿A dónde vas, morena? https://www.youtube.com/watch?v=eUX9GwN5Se4″
El tamborilero.
Canción de los catalanes.
Photographies
http://ionerobinson.org”target=”_blank”http://ionerobinson.org”target=”_blank”>http://ionerobinson.org
http://www.eldiario.es/el-holocausto-español/
Expositions
Como conmemoración a los 75 años de llegada del Winnipeg a Chile.
Juan José Santos curator of the exhibition Reflotamiento del Winnipeg 7-27 August 2011, in the Casa de la Ciudadanía de Montecamerlo in Santiago de Chile.
En Español:http://www.gobo.tv/jwp/en/curatorias/todas/reflotamiento-del-winnipeg/
In English http://www.gobo.tv/jwp/curatorias/todas/reflotamiento-del-winnipeg/
Casa Municipal de Montecarmelo:http://www.providencia.cl/agenda/categoria/182-casa-de-la-ciudadania-montecarmel
Exhibitions/ Exposiciones in Spain, Canada, Mexico
El Winnipeg: el Poema que cruzó el Atlántico
Mencía, María (2018) The Winnipeg: Poem that Crossed the Atlantic, in Máquinas de escritura, Galería Libertad curated by Mónica Nepote from the E-literatura, Centro de Cultura Digital, Querétaro, Mexico.
Mencía, María (2018) in Lorem BITsum: Literatura electrónica, curated by María Goicoechea and Laura Sánchez, in the Cultural Centre, La Casa del Lector, Madrid, Spain.
Mencía, María (2018) in Mind The Gap exhibition, ELO 2018 Conference, Montreal, Canada.
Invited Speaker
Nov 2019, The Winnipeg: The Poem that Crossed the Atlantic in SPANISH EXILES IN THE UK: HISTORY AND LEGACIES, Birkbeck and Instituto Cervantes, London, UK.
March 2019,The Winnipeg: The Poem that Crossed the Atlantic, Universidad Bordeaux, France.
Feb 2019, The Winnipeg: TPCA, Case study and research methodologies, Digital Culture Studies in Modern Languages. Royal Holloway University of London, UK.
June 2018, The Winnipeg: TPCA: Autobiography, History and Memory in the Poetic Ocean Atlantic Casa del Lector, Matadero, Madrid, Spain.
March 2018, Hybrid Digital Poetics: A Cross- Fertilisation of Languages, in Multilingual Digital Authorship Symposium, Lancaster University, UK.
Oct 2017, The Winnipeg: TPCA in Translation and Poetry, Cambridge Conversations in Translation, Cambridge University, UK;
May 2017, Visual Navigations: The Winnipeg: TPCA in Other Codes conference, National University of Ireland, Galway;
En construction.
©María Mencía-2017