En 2015, je travaillais sur un projet de visualisation des données maritimes (que vous pouvez découvrir en suivant ce lien : http://lumacode.com/projects/gttw/ ) et j’avais pour idée de le transformer en une représentation poétique du port de Buenos Aires, où je savais que mon grand-père avait vécu lorsqu’il était en Argentine. Je venais tout juste de retrouver une vieille carte d’identité chez ma mère, dans leur village natal de la province de Guadalajara en Espagne.
De nos jours, on peut presque tout trouver sur Internet, et j’ai donc décidé de faire une recherche avec son nom, Franciso Mencía Roy, accompagné de la ville où il avait vécu en Argentine, Comodoro Rivadavia. À ma grande surprise, j’ai retrouvé mon grand-père et son frère Cosme sur la liste des passagers d’un navire baptisé le Winnipeg. Ma surprise était d’autant plus importante que je ne m’étais pas du tout attendue à trouver leurs noms en ligne. Dès lors, ce projet a pris une tout autre dimension. Ma curiosité était piquée : je voulais en apprendre davantage et explorer ces nouvelles possibilités pour créer une œuvre à la fois historique et artistique, basée sur un évènement intime et personnel, que je pourrais présenter au festival E-Poetry à Buenos Aires.
C’est ainsi que j’ai commencé à faire des recherches sur le Winnipeg. Personne dans ma famille ne savait qu’ils avaient voyagé à son bord. Après la guerre civile d’Espagne, beaucoup de républicains espagnols, dont mon grand-père et son frère semblaient faire partie, s’étaient enfuis en France et avaient fini prisonniers dans des camps de concentration dans le sud du pays. Cette découverte a été un véritable choc pour ma famille, d’autant plus que j’ai appris par la suite que le célèbre poète chilien Pablo Neruda, amoureux de l’Espagne et ému par la situation de ces réfugiés, avait décidé de les aider par pure solidarité. Il résidait alors au Chili où il travaillait comme consul chargé de l’immigration et, avec le soutien du Premier ministre chilien, Pedro Aguirre Cerda, il affréta le Winnipeg pour un voyage qui devait mener les 2200 Espagnols exilés de la guerre civile de Trompeloup, en France, à Valparaiso, au Chili, le 4 août 1939.
(Vous pouvez lire « Misión de amor » [Mission d’amour] dans le recueil de Neruda, Memorial de la Isla Negra [Mémorial de l’île noire]. Dans ce magnifique poème dont le titre peut être interprété comme « un travail de l’amour » ou « une mission d’amour », il explique comment il appelait ces réfugiés par leur nom et comment ils se présentaient à lui, en indiquant leurs professions. Il les compare à des graines qu’il aurait semées dans l’océan et qui faisaient route vers la paix.)
Avant que le Winnipeg ne largue les amarres, l’atmosphère était remplie d’émotion. On raconte que Pablo Neruda en a été si touché qu’il a voulu consigner ce souvenir bien précis en écrivant ces mots : « Que la crítica borre toda mi poesía, si le parece. Pero este poema, que hoy recuerdo, no podrá borrarlo nadie » (Que la critique efface toute ma poésie si bon lui semble, mais ce poème que j’écris aujourd’hui, personne ne pourra l’effacer.)
J’avais du mal à croire que mon grand-père avait été sauvé des camps de concentration français par Pablo Neruda et qu’il avait pu voyager à bord de son cargo. À ce que je sais, mon grand-père était infirmier et j’imagine que pour un voyage aussi long, cela faisait de lui un atout. J’ai essayé de retrouver de lointains cousins susceptibles de me donner des informations sur le Winnipeg ou d’avoir de la famille au Chili, mais ce n’est que très récemment que j’ai appris que Cosme s’était marié et avait de la famille dans ce pays. Malheureusement, je ne l’ai su qu’après mon voyage au Chili et je n’ai pas encore réussi à entrer en contact avec eux.
C’est ainsi que mon projet de recherche-création est passé des applications mobiles et de la visualisation des données maritimes à une exploration des évènements en lien avec la guerre civile espagnole et à la mémoire historique de l’Espagne et du Chili. J’ai découvert des livres et des expositions en rapport avec le Winnipeg et ses passagers, leurs vies et leurs familles, ainsi que l’URL des archives de La Memoria Chilena. C’était incroyable voir l’histoire de mon grand-père se déployer ainsi sous mes yeux, de dénicher des anecdotes et des informations sur cet évènement important bien que largement oublié en Espagne, et de voir comment cela m’a personnellement affectée et influencée.
J’ai commencé par vouloir créer une visualisation poétique des navires en partance pour l’Amérique latine au cours du mois d’août 1939. Le Winnipeg en serait la vedette, un cargo rempli d’adieux, d’émotions et d’espoirs. J’ai pris contact avec des bibliothèques pour tenter de localiser le journal de bord du bateau, ou toute autre sorte d’information numérisée qui m’en aurait appris davantage sur les navires en partance de France et d’Espagne cette année-là. À ce jour, je n’ai pas encore trouvé de version numérique du trajet emprunté par le Winnipeg. De telles données associées à des coordonnées auraient été très utiles pour visualiser précisément la traversée du cargo, mais j’ai tout de même trouvé dans les archives de La Memoria Chilena une carte où l’on peut voir la route empruntée par les navires entre Trompeloup et Valparaiso. C’est cette carte qui fait aujourd’hui partie du projet et le parcours du Winnipeg y est représenté par une ligne de texte contenant les noms de tous ses passagers.
Je me suis rendue à Buenos Aires en 2015 pour présenter le prototype de ce projet au festival E-Poetry. L’auditoire m’a témoigné beaucoup d’intérêt et de curiosité. Une autre surprise m’attendait au Museo de la Inmigración (MUNTREF), autrefois l’hôtel des immigrants en raison de sa proximité avec le port. Le jour de l’inauguration, j’ai appris qu’ils avaient numérisé les listes des passagers débarqués au port et j’y ai trouvé une preuve de l’arrivée de ma grand-mère, le 12 février 1951. Elle avait voyagé sur le Cabo de Buena Esperanza avec quatre de ses enfants — mon père ayant dû rester en Espagne, car il était en âge d’effectuer son service militaire. Mes oncles et tantes étaient alors jeunes : l’aînée avait 20 ans, les deux garçons en avaient respectivement 18 et 16, et la benjamine était âgée de 13 ans. La date de leur arrivée m’indiquait que cela faisait onze très longues années qu’ils n’avaient pas vu mon grand-père. En plus de cela, j’ai appris que ma grand-mère et sa plus jeune fille étaient rentrées rapidement en Espagne, car mon grand-père était mort peu de temps après leur arrivée. Leurs trois autres enfants avaient décidé de rester en Amérique latine pour y bâtir une vie meilleure et avaient fini par s’installer à Caracas. Bien des années plus tard, mon père a fait le voyage jusqu’au Vénézuéla pour y rendre visite à sa famille, accompagné de ma mère. D’abord partis pour une courte visite, ils auront passé sept ans là-bas… Et c’est aussi là-bas que je suis née.
Jamais je n’aurais imaginé avoir une dette envers le poète auteur des Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée que j’ai tant de fois recommandés à mes étudiants en espagnol à Londres, ce même Pablo Neruda qui a écrit Le livre des questions. Je lui dois d’avoir contribué à forger mes centres d’intérêt : les voyages, les cultures, les langues, la littérature, les arts, le besoin d’explorer et d’être curieuse de tout, le sentiment permanent de venir d’ailleurs et d’être différente, de connaître à la fois la joie et la mélancolie, ma capacité voler de mes propres ailes et à faire preuve de persévérance et de détermination — un trait que je sais désormais hérité de ma famille. Enfin, je lui dois d’avoir sauvé mon grand-père et son frère. Je me dois aussi d’ajouter que mon père a toujours éprouvé de la tristesse et de l’amertume à l’idée d’avoir perdu son père alors qu’il n’avait que onze ans, lorsque mon grand-père est parti d’abord à la guerre, puis en exil, et de ne l’avoir jamais revu.
On pourrait dire que cette histoire qui m’a accompagnée sans même que je le sache est le fruit de nombre de mes projets, en particulier ceux en lien avec ce « Poème qui a traversé l’Atlantique », tels que « Cityscapes : Social Poetics/Public Textualities » (2005) et « Connected Memories » (2009). C’est drôle comme nous ignorons parfois la source de nos sentiments les plus profonds !
Après le festival E-Poetry de Buenos Aires, j’ai continué à faire des recherches et me suis rendue au Chili, dans la superbe ville de Valparaiso. J’y ai visité les demeures de Neruda, Isla Negra et Santiago du Chili où j’ai continué à éplucher les archives, à écumer les centres communautaires et les galeries, à filmer, à prendre des photos et à parler aux habitants. Et lorsque ceux-ci me demandaient ce que je faisais au Chili, je leur répondais que mon grand-père m’y avait amenée. C’était un sentiment merveilleux qui me réchauffait le cœur et me donnait l’impression d’être la bienvenue dans ce pays, comme si une partie de moi y avait toujours appartenu. Je me sentais chez moi dans un lieu où je n’étais jamais venue auparavant et débordais de gratitude envers la générosité que me témoignaient les habitants.
Pour finir : nous avons créé ce site pour encourager les lecteurs, les familles des passagers et quiconque aimerait contribuer à soumettre leurs propres histoires pour qu’elles viennent s’ajouter à cette visualisation poétique du voyage du Winnipeg. C’est ce que j’ai intitulé « Le poème qui a traversé l’Atlantique ». Il me semble avoir lu cette phrase au cours de mes recherches et j’ai aussitôt aimé cette image du navire comme poème transportant ses nombreuses histoires. Le Winnipeg a transporté les histoires entremêlées des passagers et de leurs familles, et celles-ci sont désormais représentées dans l’océan du World Wide Web, en compagnie des poèmes de Pablo Neruda et des informations en lien avec cet évènement.
Un poème créé avec affection pour un grand-père que je n’ai jamais connu ; pour mon père qui n’a pas revu son propre père depuis ses onze ans ; et pour tous ceux qui traversent aujourd’hui des épreuves similaires. Les perdus, les réfugiés, les exilés.
“And one morning all that was burning,
one morning the bonfires
leapt out of the earth
devouring human beings (…)
came through the sky to kill children
and the blood of children ran through the streets
without fuss, like children’s blood (…)
Come and see the blood in the streets.
Come and see
the blood in the streets.
Come and see the blood
in the streets!”
Neruda
Poèmes de Neruda
Et un matin tout était en flamme
et un matin les foyers
sortaient de terre
dévorant les vivants (…)
venaient du ciel pour tuer des enfants,
et à travers les rues le sang des enfants
coulait simplement, comme du sang d’enfants. (…)
Venez voir le sang dans les rues,
venez voir
le sang dans les rues,
venez voir le sang
dans les rues !
— Neruda
Pablo Neruda was a key figure in Chilean culture and politics of the 20th century and had a significant impact on the country’s society and arts. On September 23rd, 1973, twelve days after the coup d’état and the passing of his friend President Salvador Allende, Pablo Neruda died from prostate cancer in Santiago. For the centenary of the poet’s birth, an exhibition entitled “Las Vidas Del Poeta” was organised in the National Library of Chile.
Memoria Chilena Fuente: http://www.memoriachilena.cl/602/w3-article-3638.html
Moving away from his introspective beginnings, the second cycle of Neruda’s poetry was more oriented towards a deep social consciousness. By the mid-1920s, Chilean society had changed remarkably, affecting the way the poet perceived the world in which he lived, as he later acknowledged in his memoirs. Neruda was then aware of the return of thousands of now unemployed workers from salty deserts to the capital, of the fight led by Luis Emilio Recabarren, of the popular and student demands, as well as the unshakeable reign of the oligarchy. Without wanting to erase all traces of love, life, joy or sadness from his poems, Neruda nevertheless recognized that it was “impossible to completely reject the street and leave no place for it in my poems.” (Confieso that he vivido, 1979, 76). In addition to these social circumstances, the introduction of politics into his life and work was also motivated by his first diplomatic career started in 1927, when he was appointed consul of Chile in Burma. This is what allowed him to get in touch with the world and to focus on social justice. In 1927, he published in Spain a book written during his travels through the East and Europe, which eventually became one of his major works: Residence on Earth.
Pablo Neruda’s literary and poetic creativity has earned him the recognition of his peers and critics. In 1965, he received the title of Doctor Honoris Causa at Oxford University. In 1945, he received the National Prize for Literature and, in 1971, the Nobel Prize for Literature, becoming the sixth Spanish-speaking writer and the third Latin American writer to receive this distinction.
Neruda – Second cycle de son travail poétique
“S’éloignant de ses débuts introspectifs, le second cycle de la poésie de Neruda s’orientait davantage vers une conscience sociale profonde. Au milieu des années 1920, la société chilienne avait remarquablement changé, affectant ainsi la façon dont le poète percevait le monde dans lequel il vivait, comme il le reconnut plus tard dans ses mémoires. Neruda avait alors pris conscience du retour à la capitale de milliers de travailleurs des déserts salins, désormais sans emploi, du combat mené par Luis Emilio Recabarren, des revendications populaires et estudiantines, ainsi que le règne inébranlable de l’oligarchie. Sans pour autant vouloir effacer toute trace d’amour, de vie, de joie ou de tristesse de ses poèmes, Neruda reconnut néanmoins qu’il lui était “”impossible de rejeter complètement la rue et ne lui laisse aucune place dans mes poèmes”” (Confieso que he vivido, 1979, p. 76). En plus de ces circonstances sociales, l’introduction du politique dans sa vie et son travail fut aussi motivée par sa première carrière diplomatique débutée en 1927, lorsqu’il fut nommé consul du Chili en Birmanie. C’est cela qui lui a permis d’entrer en contact avec le monde et de s’intéresser à la justice sociale. En 1927, il publia en Espagne un livre écrit au cours de ses voyages à travers l’Orient et l’Europe, et qui deviendra l’une de ses œuvres majeures: Résidence sur la terre.
La créativité littéraire et poétique de Pablo Neruda lui ont obtenu la reconnaissance de ses pairs et des critiques. EN 1965, il reçut de titre de Docteur Honoris Causa à l’Université d’Oxford. En 1945, il reçut le prix national de littérature et, en 1971, le Prix Nobel de Littérature, devenant ainsi le sixième écrivain hispanophone et le troisième écrivain d’Amérique Latine à recevoir cette distinction.”
‘The critics may erase all of my poetry. But this poem, that I today remember, nobody will be able to erase’ Neruda
Que la critique efface toute ma poésie si bon lui semble, mais ce poème que j’écris aujourd’hui, personne ne pourra l’effacer.
Mémoire intermitente
Ces souvenirs sont intermittents et parfois parsemés d’oubli, car la vie est ainsi faite. Neruda.
Neruda: Mission d’amour
Et je les mis sur mon bateau.
C’était en plein jour et la France
eut cette fois sa robe d’apparat
quotidienne,
il y avait
la clarté du vin et de l’air
dans sa tunique de déesse forestière.
Mon navire attendait avec
son nom lointain
« Winnipeg »
collé à la jetée du jardin embrasé,
aux vieux raisins obstinés de l’Europe.
Pourtant mes Espagnols ne venaient pas
de Versailles,
du bal argenté,
des tapis anciens, amarante,
des coupes qui trillent
avec le vin,
non, ils ne venaient pas de là,
non, ils ne venaient pas de là.
De plus loin,
des camps et des maisons d’arrêt,
des sables noirs
du Sahara,
des cachettes inclémentes
où ils gisaient
dans la faim et la nudité,
là vers
mon bateau clair,
vers mon navire à l’ancre, vers l’espoir
ils accoururent l’un après l’autre
à mon appel, de leurs prisons,
des forteresses
d’une France qui chancelait,
par ma bouche appelés
ils accoururent,
« Saavedra », dis-je, et je vis venir le maçon,
« Zuñiga » dis-je, et « Zuñiga » était présent,
« Roces », et Roces arriva avec son sourire sévère,
je criai « Alberti ! », et la poésie accourut
avec ses mains de quartz.
Paysans, menuisiers.
pêcheurs,
tourneurs, mécaniciens,
potiers,
tanneurs :
comme il se peuplait le bateau
qui s’en allait vers ma patrie.
Je sentais dans mes doigts
les graines
de l’Espagne
que je rachetai, que je répandis
sur la mer, destinées
à la paix
des prairies.
The Winged Winnipeg- Neruda
From the beginning I liked the word Winnipeg. Words have wings or they don’t. The rough ones stick to the paper, to the table, to the earth. The word Winnipeg is ‘winged’. I saw it flying for the first time in a dock of steamers near Bordeaux. It was a beautiful old ship, with that dignity given by The Seven Seas, over time. The truth is that the cargo vessel had never taken more than 70 or 80 people on board. The rest was cacao, sacks of coffee and rice, minerals. Now it was destined for a different kind of cargo: that of hope. 9Pablo Neruda0
Les ailes du Winnipeg- Neruda
J’ai aimé dès le début le mot Winnipeg. Les mots ont des ailes ou n’en ont pas. Les mots rugueux restent collés au papier, à la table, à la terre. Le mot Winnipeg est ailé. Je l’ai vu s’envoler pour la première fois sur le quai d’un embarcadère, près de Bordeaux.
Le Winnipeg était un beau vieux bateau, auquel les sept mers et le temps avaient donné sa dignité. On peut affirmer qu’il n’avait jamais transporté à son bord plus de soixante-dix à quatre-vingts personnes. Le reste avait été constitué par des cargaisons de cacao, de coprah, de sacs de café, de riz, par des chargements de minerais. Cette fois pourtant un affrètement plus important l’attendait: l’espoir. (Pablo Neruda)
Artistic Director, concept creation, researcher: María Mencía
http://www.mariamencia.com
Creative Programming: Alexandre Dupuis
Je n’aurais jamais imaginé avoir une dette envers Pablo Neruda pour avoir sauvé mon grand-père, FRANCISCO MENCÍA ROY et son frère, COSME MENCÍA ROY, des camps de concentration français
Voici le document où j’ai trouvé pour la première fois les noms de Francisco et Cosme : Memoria Chilena: Los españoles del Winnipeg, Liste des passagers.
http://www.memoriachilena.cl/archivos2/pdfs/MC0001872.pdf
Neruda et le soutien du Chili
El largo viaje a Chile: http://www.andalucia.cc/winnipeg/capitulo_4.htm
Refugiados españoles desmienten en Chile las leyendas del barco Winnipeg
“Los historiadores Jaime Ferrer y Julio Gálvez afirmaron que en el Winnipeg viajó “gente de todas las regiones de España” y con “oficios de todo tipo”, pertenecientes a hasta 33 movimientos y partidos políticos distintos, según las
fichas de los pasajeros que se encontraron”.
“La pintora Roser Bru declaró que el Gobierno chileno pidió que entre los pasajeros del Winnipeg se encontraran profesionales de todo tipo, con el fin de que pudiesen aportar conocimientos al pueblo chileno, y descartó que solo hubiese gente afiliada al Partido Comunista”.
Source: http://www.soitu.es/soitu/2009/09/02/info/1251860630_693424.html
“Pedro Aguirre Cerda, the president at the time, supported the cause and designated Chilean Pablo Neruda as the consul in charge of transferring the refugees. That is how, on September 3, 1939, more than 2.000 Spanish refugees arrived at the port of Valparaíso on the Winnipeg cargo ship”.
Source: http://www.thisischile.cl/the-winnipeg-is-commemorated-after-75-years-of-its-arrival-to-chilean-coasts/?lang=en
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LA MISIÓN DE AMOR DE PABLO NERUDA. EL WINNIPEG, UN POEMA QUE SURCÓ MARES y OCÉANOS
http://winnipeg70.wordpress.com/la-historia-del-winnipeg/
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Chansons du voyage
Chansons avec lesquelles ils furent accueillis au Chili:
El quinto regimiento.
¿A dónde vas, morena? https://www.youtube.com/watch?v=eUX9GwN5Se4″
El tamborilero.
Canción de los catalanes.
Photographies
http://ionerobinson.org”target=”_blank”http://ionerobinson.org”target=”_blank”>http://ionerobinson.org
http://www.eldiario.es/el-holocausto-español/
Expositions
Como conmemoración a los 75 años de llegada del Winnipeg a Chile.
Juan José Santos curator of the exhibition Reflotamiento del Winnipeg 7-27 August 2011, in the Casa de la Ciudadanía de Montecamerlo in Santiago de Chile.
En Español:http://www.gobo.tv/jwp/en/curatorias/todas/reflotamiento-del-winnipeg/
In English http://www.gobo.tv/jwp/curatorias/todas/reflotamiento-del-winnipeg/
Casa Municipal de Montecarmelo:http://www.providencia.cl/agenda/categoria/182-casa-de-la-ciudadania-montecarmel
Exhibitions/ Exposiciones in Spain, Canada, Mexico
El Winnipeg: el Poema que cruzó el Atlántico
Mencía, María (2018) The Winnipeg: Poem that Crossed the Atlantic, in Máquinas de escritura, Galería Libertad curated by Mónica Nepote from the E-literatura, Centro de Cultura Digital, Querétaro, Mexico.
Mencía, María (2018) in Lorem BITsum: Literatura electrónica, curated by María Goicoechea and Laura Sánchez, in the Cultural Centre, La Casa del Lector, Madrid, Spain.
Mencía, María (2018) in Mind The Gap exhibition, ELO 2018 Conference, Montreal, Canada.
Invited Speaker
Nov 2019, The Winnipeg: The Poem that Crossed the Atlantic in SPANISH EXILES IN THE UK: HISTORY AND LEGACIES, Birkbeck and Instituto Cervantes, London, UK.
March 2019,The Winnipeg: The Poem that Crossed the Atlantic, Universidad Bordeaux, France.
Feb 2019, The Winnipeg: TPCA, Case study and research methodologies, Digital Culture Studies in Modern Languages. Royal Holloway University of London, UK.
June 2018, The Winnipeg: TPCA: Autobiography, History and Memory in the Poetic Ocean Atlantic Casa del Lector, Matadero, Madrid, Spain.
March 2018, Hybrid Digital Poetics: A Cross- Fertilisation of Languages, in Multilingual Digital Authorship Symposium, Lancaster University, UK.
Oct 2017, The Winnipeg: TPCA in Translation and Poetry, Cambridge Conversations in Translation, Cambridge University, UK;
May 2017, Visual Navigations: The Winnipeg: TPCA in Other Codes conference, National University of Ireland, Galway;
En construction.
©María Mencía-2017